Les insectes peuvent-ils combler le déficit mondial en protéines?

L’utilisation d’insectes comme source de protéines peut potentiellement aider à nourrir le monde, mais principalement comme aliment du bétail. Alfa Laval et Bühler Insect Technology Solutions (BITS) apportent les processus de production.

DATE 2023-11-28 AUTEUR Paul Connolly PHOTO Getty Images

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La population humaine et la consommation de viande augmentent à une vitesse sans précédent, tandis que les terres disponibles pour la production alimentaire diminuent. On estime que 85 % des terres agricoles potentielles sont déjà destinées à la production alimentaire, ais d’ici 2050, le nombre d’humains devrait dépasser les 9 milliards, ce qui nécessiterait une augmentation de 50 % dans l’apport de protéines de haute qualité. Nul besoin d’être mathématicien pour voir que ces chiffres ne sont pas en faveur de la race humaine.

La situation actuelle n’est pas durable. Alors, comment allons-nous nourrir le monde dans les prochaines années ? Les insectes sont une solution possible, qui crée le buzz.

Cependant, l’élevage d’insectes est une idée relativement nouvelle, et jusqu’à il y a peu, la plupart des efforts étaient expérimentaux et à petite échelle. La situation a changé en 2017, avec la mise en place de Bühler Insect Technology Solutions (BITS), une joint- venture entre Bühler, spécialiste des technologies alimentaires, et Protix,entreprise d’insectes leader. L'association de l’expérience de Protix en élevage d’insectes et de celle de Bühler en technologies de traitement d’aliments et de nourriture a pour but de développer l’élevage d’insectes et le traitement de l’alimentation à l’échelle industrielle.

À l’époque, Bühler cherchait également de nouveaux partenaires pour étendre ses opérations, en particulier grâce à l’ajout de technologies d’échange thermique et de séparation des fluides.

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Le rôle d'Alfa Laval dans la révolution des protéines

Alfa Laval avait déjà fourni à Protix une technologie de traitement et cherchait également à renforcer son offre sur le marché en développement du traitement d’insectes. Selon Andreas Aepli, PDG de BITS, Alfa Laval est un leader évident dans ces technologies, mais la décision de travailler ensemble est issue d’une approche commune.

« Je crois que, dès le premier jour de travail avec eux, nous avons vu immédiatement que nous avions le même état d’esprit. Nos deux entreprises se concentrent sur un leadership de qualité à long terme et bénéficient d’une réputation similaire sur le marché, mais nos compétences technologiques ne se chevauchent pas, ce qui nous permet de compléter nos points forts mutuels », explique M. Aepli.

Sumit Pingle, Vice-président Agro & Protein Systems chez Alfa Laval, acquiesce.

Nous nous sommes très vite entendus grâce à nos méthodes de travail, aussi bien nos équipes qu’Andreas et moi-même. Il y avait une alchimie qui faisait sens. »

Une source alimentaire pour animaux

Depuis le début, il est clair pour BITS que les grandes victoires pour la sécurité alimentaire et l’environnement ne résident pas dans le changement de l’alimentation des humains ; il faut changer ce que les animaux mangent, et c’est là qu’interviennent les insectes.

« La plupart des gens s’intéressent aux insectes pour nourrir les humains », explique M. Aepli. « Je pense que c’est un marché qui va se développer ; mais les volumes sont encore trop faibles pour exercer un impact réel sur notre système alimentaire. »

Ne vous attendez donc pas à trouver bientôt des burgers d’insectes de la marque BITS dans les rayons des supermarchés.

Le premier but est plutôt de produire de la nourriture pour animaux issue de l’élevage d’insectes, qui est bien plus durable et efficace. Pour générer un kilo de protéines à base d’insectes, il ne faut que deux kilos de nourriture, alors que les protéines issues du bétail requièrent 20 kg de nourriture pour le même résultat.

La production ce kilo de protéines à base d’insectes demande également beaucoup moins d’espace : seulement un mètre carré de terres non agricoles. Ainsi, au lieu de consacrer de grands champs à la culture du soja pour la nourriture des animaux, un espace inférieur à celui d’une place de parking suffit. La production d’insectes à l’échelle industrielle pourrait donc également libérer de grandes zones de terres, actuellement dédiées à la culture de céréales pour la nourriture animalière.

De plus, les insectes transforment les déchets alimentaires en protéines utilisables, ce qui rend le cycle de production alimentaire plus durable.

« Les insectes recyclent ces aliments », explique M. Aepli. « Ils extraient et réassocient les protéines issues des déchets alimentaires, et nous réintroduisons ces protéines dans le cycle de vie alimentaire sous forme de nourriture pour animaux ou d’engrais pour les cultures. »

Qualité et expertise

Le passage de BITS au traitement d’insecte industriel s’est accompagné de défis. La normalisation est essentielle pour assurer une qualité constante. Pour être sûr et efficace, un élevage d’insectes requiert un contrôle soigné du climat et des environne-ments sécurisés biologiquement, ce qui n’est pas facile à grande échelle.

Et comme l’indique M. Aepli, les différentes zones de production requièrent différents jeux de compétences.

« Un partenaire ou une entreprise ne suffit pas à lui-même. C’est l’une des clés du partenariat entre Bühler et Alfa Laval : en effet, Alfa Laval possède une expérience dans les parties du processus que nous ne maîtrisons pas », explique-t-il.« Le fait de pouvoir compter sur quelqu’un qui maîtrise vraiment ce domaine nous aide à améliorer la solution. »

L’association semble fonctionner ; l’exploitation d'un premier client est active depuis juin aux Pays-Bas, et d’autres sont en cours de construction. BITS a également travaillé avec l’équipe de Pingle chez Alfa Laval pour proposer des solutions personnalisées aux clients, et d’autres d’exploitations d’usine sont actuellement envisagées.

Les perspectives sont bonnes pour cette collaboration dynamique et innovante. Elle représente un bond de géant dans le traitement des insectes, qui aura des implications primordiales pour la sécurité alimentaire et pour la planète.

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here37_260x345.jpgUne technique innovante de transformation des produits alimentaires pour faire des hamburgers à base d'insectes ou une nouvelle technologie pour stocker l'énergie renouvelable : ce ne sont que deux exemples d'articles dans la nouvelle édition du magazine HERE. Ces articles illustrent ce que nous entendons par "croissance responsable" : proposer des solutions qui profitent à la fois aux personnes et à la planète. HERE a remporté le Prix de l'édition suédoise en 2019.

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